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Transition écologique : vers un récit cohérent, engageant, enthousiasmant

Par Anne Girault, présidente de Renaissance Écologique et Emmanuelle Mouls, déléguée générale de Renaissance Écologique

Face aux enjeux climatiques, de biodiversité, plus généralement de transition écologique, et face à l’urgence d’agir, la tâche semble être tellement immense que nous risquons d’être sidérés et immobiles. Progressivement, pourtant, la société, les citoyens, les acteurs se sont emparés de ces questions et sont passés de l’ignorance et du doute à l’inquiétude et à la demande d’actions solides. La jeune génération l’exprime fortement, elle n’est pas la seule et la demande sociale est là. On le sait maintenant, le diagnostic est partagé mais la vision claire d’un futur meilleur et d’un chemin dans lequel s’engager reste à construire.

C’est sur ce constat qu’à la suite de l’ouvrage de Julien Dossier, Renaissance écologique, l’association éponyme s’est créée pour accompagner la transition en aidant l’écriture de récits cohérents de futurs positifs. Construire ces récits, c’est d’abord prendre conscience de nos limites, de notre place au sein du vivant et que la poursuite du modèle actuel n’est décidément pas soutenable. Ce début du XXIe siècle montre que les crises s’alignent, se combinent, se renforcent. Y répondre, c’est forcément avoir une capacité à comprendre l’ensemble, à mobiliser et accompagner le changement. Les territoires sont à l’œuvre dans ces nouvelles transitions afin d’assurer l’indispensable convergence opérationnelle des politiques. L’objectif de transition juste s’impose également maintenant progressivement. Cette notion déjà ancienne s’est trouvée portée largement au moment de la COP 21, notamment par les syndicats et par la société civile. Elle s’appuie sur un constat simple: une transition vers une économie sobre en carbone et durable au sens des objectifs de dévelopepement durable des Nations Unies (ODD) doit être menée de manière équitable pour toutes les parties prenantes : les travailleurs, les communautés locales, les consommateurs et la société dans son ensemble.

Autre enjeu d’avenir: la santé publique. La pandémie a démontré ce que les spécialistes mettaient en avant depuis longtemps avec notamment les risques liés à l’effondrement de la biodiversité et au rapprochement de l’homme avec la nature. Pour une humanité en bonne santé, pour survivre et prospérer, nous avons besoin d’une planète en bonne santé. Reconstruire les conditions même de santé publique en anticipant et en donnant les moyens mais également en croisant les problématiques. Santé et alimentation, santé et mobilité, santé et pollution, santé et infrastructures. Autant de sujets qui nous engagent à sortir des silos classiques et à mettre la transversalité au cœur des stratégies à construire.

Mais pas de succès sans financement. On l’a peut-être oublié: l’accord de Paris en 2015 prévoit de rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques. Une transformation en profondeur est engagée depuis, pas assez rapide, pas assez forte même si les acteurs de la finance ont montré leurs engagements réels lors de la COP 26. Accompagner le basculement de la finance demande l’émergence de projets solides, en grand nombre et ayant du sens par rapport aux trajectoires de transition. Mettre ces actions en place, c’est travailler à la résilience des territoires: nos sociétés connaissent et vont connaître des chocs que l’on ne peut imaginer ni tous prévoir. Les stratégies d’adaptation, la vision et le partage des transformations à venir font partie des priorités essentielles auxquels les territoires ont à se préparer. Pour cela, les données scientifiques sont là. Mais plus largement, c’est la capacité des sociétés à absorber ces chocs qui est en cause avec l’existence d’une société solidaire, de liens sociaux nombreux et denses, d’un tissu local dense qui, plus que toute technologie, construit les conditions de la résilience. Enfin, il va nous falloir réinventer de nouveaux modèles économiques s’attaquant à une réelle transformation de nos sociétés et cela sans attendre. On ne fera pas face à cela avec les modèles économiques passés mais en en construisant collectivement de nouveaux. Plusieurs grands secteurs vont devoir connaître des transformations profondes, par exemple l’agriculture, la mobilité et la rénovation énergétique du bâti.

Ce constat demande de nouveaux «métriques » à l’action et de nouveaux principes partagés permettant de dépasser le simple jeu des compétences pour construire le chemin de la transition. On peut en citer quelques-uns : sobriété des usages et des besoins, apparition de nouveaux métiers, travail autour de communs, gage de bienveillance et de fraternité. Autant de nouvelles compétences à construire autour des alliances et des partenariats.

Quel récit pour ce siècle pour embarquer le plus grand nombre? Toutes les grandes transitions ont demandé de nouveaux récits… Ces nouveaux récits sont à co-construire. Dans l’histoire de l’humanité, les récits sont nombreux. Ils ont toujours accompagné les grandes transitions. Pour que ceux du futur développent leurs puissances d’accompagnement et surtout de mobilisation à long terme, trois conditions doivent être réunies: la conscience du mal-être, la co-construction d’un avenir meilleur et la confiance dans le chemin. Sur ces trois conditions, seule la première est remplie et les territoires sont en phase pour faire réussir les deux suivantes. C’est dans cette perspective et pour aider à la création de récits positifs que «Renaissance écologique» s’inscrit… Véritable carte au trésor, cette fresque nous offre une méthode permettant de représenter et relier les composantes d’un système résilient, compatible avec les contraintes biologiques et physiques de notre époque. C’est avec cette volonté et la puissance de ces imaginaires que Renaissance écologique facilite la construction de récits cohérents, engageants et enthousiasmants pour coopérer et contribuer au succès de la transition écologique.

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